Jean-Claude Lauruol, de nationalité française, 37 ans, légalement célibataire, sans enfant connu, sans emploi reconnu, résident actuellement à Bordeaux (33).
Moi à 9 ans ou à peu près, quelque part sur une plage de la Mer du Nord (image non mesurée, c’est-à-dire non précisément datée, non précisément localisée, partiellement signée).
Secondes notes biographiques.
Petite fille, j’étais très intelligente. Je savais observer le monde tant dans ses détails que dans son ensemble… Oui, j’avais la capacité de relever les faits et les états du monde ; j’avais la capacité de donner formes – et formes agissantes – aux relevées de mes observations. En cinq mots : j’agissais sur le monde.
Née à Rodez (12), ville moyenne du centre-sud de la France, issue d’un milieu modeste bien que connaissant tout le confort moderne des années 70, je passai une enfance heureuse (sans grand haut ni grand bas) parmi les miens, et une scolarité sans histoire (sans chute ni ascension), sans drame…
Dois-je le signaler ? – Oui. – Cette scolarité fut placée, topographiquement et idéologiquement, toujours au plus près de la nature. En six mots : j’étais prête à devenir artiste. J’étais très drôle en même temps que très douce, très discrète, très grande, très méchante. Et masochiste.
Puis, peu de temps avant l’effacement du mur et autres fils de fer barbelés de Berlin, je suis devenue un homme.
Pour bien bander, il faut être bien reposé. Depuis que je suis un homme, je me repose. Je ne chasse plus les mouches.
Aujourd’hui : mon genou quand je siège sur les toilettes… Genou mesuré, c’est-à-dire daté, localisé et signé par un des acteurs culturels et fournisseurs officiels de l’armée française.
Depuis cinq mois et demi, bigame non marié, je mesure le temps aux traces qu’elles laissent, l’une au fond de son réticule, l’autre au fond du tiroir de la table de nuit.